Horimono : l’art secret du tatouage japonais
L’horimono (彫物, “chose gravée”) s’épanouit durant l’époque d’Edo (1603-1868), période de paix et de prospérité où les arts et la culture se développent. Codifié et difficile d’accès, il est transmis par les horishi (maîtres tatoueurs) dans le cadre d’écoles secrètes, où un seul élève est désigné héritier du nom. Le porteur de l’horimono gardait traditionnellement son tatouage caché sous ses vêtements, symbole d’un savoir réservé et sacré.
Les inspirations viennent principalement de l’ukiyo-e (estampes du “monde flottant”), du théâtre kabuki et du roman chinois Suikoden, popularisé au Japon par Kuniyoshi, qui illustre 108 héros hors-la-loi défiant l’autorité. Devenu interdit par le pouvoir, ce récit a renforcé l’association du tatouage à la rébellion populaire.
Les yakuzas s’approprièrent également l’horimono comme rituel d’appartenance : certains chefs payaient le tatouage pour leurs hommes, ou demandaient d’y inclure le mon (emblème) du clan. Toutefois, durant toute cette période et jusqu’à aujourd’hui, le tatouage au Japon reste associé à l’infamie. Le terme irezumi (入れ墨, “insertion d’encre”) porte encore une connotation péjorative.
Depuis les années 1990-2000, avec le déclin de la mafia, l’horimono connaît une renaissance auprès de la classe ouvrière (cuisiniers, ouvriers, pompiers…) et une volonté de revaloriser cet art. Des associations d’horishi œuvrent à lui redonner ses lettres de noblesse, et un festival parallèle au Sanja Matsuri lui rend hommage.